Comme pour la première édition du Great American Songbook, le compositeur et et professeur spécialiste de la musique pop Jeroen D’hoe revisite une sélection des meilleurs titres du répertoire « Songbook : The Next Generation ». Résultat : une soirée pleine de classiques intemporels comme I Say a Little Prayer, A Natural Woman et Ain’t No Mountain High Enough, revus avec de nouveaux arrangements vocaux et orchestraux !

« Un projet de passion », confie-t-il avec un large sourire. Mais qu’entend-on exactement par « The Next Generation » ? Qu’est-ce qui rend cette musique si intemporelle ? Et pourquoi ces chansons nous touchent-elles autant ?

THE NEXT GENERATION

Commençons par le début : le « Great American Songbook » (l’original). Il ne s’agit pas seulement d’une expression figurative, mais d’un concept bien concret : un corpus de chansons écrites entre 1920 et 1950 pour le théâtre musical et l’industrie cinématographique américains. Au fil des décennies, ces titres ont évolué pour devenir les « standards » que nous connaissons aujourd’hui.

Au milieu des années 50, les tendances de la musique populaire changent. Rock-‘n’-roll et soul prennent le devant de la scène. Sous l’influence de ces nouveaux genres, le Great American Songbook évolue vers une nouvelle génération, celle des années 50 et 60. Des compositeurs comme Burt Bacharach deviennent les figures centrales de cette Next Generation, mêlant les structures classiques de Cole Porter et Gershwin (première génération) à de nouvelles influences.

FABULOUS ‘50s and GOLDEN ‘60s

Les États-Unis des années 50 et 60 sont marqués par l’optimisme d’après-guerre et une foi inébranlable dans le progrès. L’un des symboles de cette époque est l’essor du disque vinyle. Bien que des précurseurs du vinyle aient vu le jour dans les années 20 à 40, ils étaient principalement réservés à une élite. Après la Seconde Guerre mondiale, tout change : l’industrie mise sur les enregistrements et la vente de disques en masse. La musique devient un produit tangible, accessible au grand public. Pour la première fois, un adolescent avec quelques économies peut s’offrir un single de Bill Haley.

Curieusement, les adolescents ont eu une influence considérable sur l’industrie musicale. Cette culture jeune, empreinte d’optimisme, se reflète dans la musique. Des titres comme Feeling Good, Fever, Sunny ou Ain’t No Mountain High Enough incarnent cet esprit d’espoir et de reconstruction d’après-guerre. La figure féminine gagne également en puissance, portée par des artistes comme Aretha Franklin et des chansons telles que You Make Me Feel Like a Natural Woman.

“Ces chansons sont incroyablement accrocheuses : il suffit de les écouter une fois pour être conquis. Elles vous touchent sur deux fronts : la mélodie vous reste en tête, et les paroles ne vous quittent plus.”
- jeroen d’hoe

Un projet de passion

Travailler sur Great American Songbook: The Next Generation est une évidence pour Jeroen D’hoe : « La musique des années 50 et 60 me tient à cœur ; j’en suis tombé amoureux dès mon plus jeune âge. » Pourtant, donner une nouvelle vie à ces chansons emblématiques est un véritable défi pour un arrangeur. Sa méthode ? Un ensemble aux allures de big band, composé de cordes, de cuivres, de percussions et de piano, combiné aux voix puissantes du Vlaams Radiokoor. « Je puise beaucoup d’inspiration dans la richesse des accords et la force émotionnelle des paroles », ajoute-t-il.

Dans ses arrangements, D’hoe met en lumière les influences typiques du jazz et de la soul, comme l’harmonie serrée et les accents gospel. « Le chœur devient une ‘big band vocal’ », explique-t-il. « C’est un exercice stimulant, d’autant plus que le Vlaams Radiokoor, grâce à ses qualités techniques, peut pratiquement tout chanter ! »

Un morceau particulier du programme est I Am Home, une chanson que Jeroen a écrite dans son adolescence. Avec des paroles du parolier américain Marvin Garvin, dans le style de Burt Bacharach, elle raconte l’histoire de quelqu’un qui trouve l’amour et ressent enfin un sentiment de chez-soi après de longues périodes. « On dirait vraiment qu’elle aurait pu être écrite à cette époque. »

Le programme regorge d’autres classiques revisités. A-t-il un favori ? « Difficile de choisir, mais Raindrops Keep Falling on My Head et Arthur’s Theme sont des trésors intemporels. »

Info concert