Shifting minds
Reich a grandi avec la musique de Bach, Stravinsky et le be-bop de Charlie Parker et de Miles Davis. Pendant ses études, il est d’abord attiré par la musique moderniste de Luciano Berio, mais ses tentatives d’écrire de la musique sérielle sont si laborieuses que ce dernier lui demande : « Si tu veux écrire de la musique tonale, pourquoi ne le fais-tu pas ? » Dans ses premières œuvres, Reich s’est surtout attaché à rendre le processus musical audible, afin que l’auditeur puisse suivre facilement le déroulement de la composition. L’une des techniques utilisées à cette fin est celle du déphasage. Reich a découvert ce procédé par hasard en transférant l’enregistrement d’un discours : à partir du texte « It’s gonna rain », il voulait mettre « It’s gonna » sur une bande et « rain » sur une autre. Il a accidentellement démarré les deux magnétophones en même temps et comme l’un d’eux jouait la boucle un peu plus vite que l’autre, le décalage rythmique a produit un effet particulier. En faisant tourner les deux voix à des vitesses légèrement différentes, elles se sont progressivement éloignées l’une de l’autre.