Le divin avec pour seule expression la voix humaine – cela peut sembler contradictoire, mais il n’en est rien. C’est que le ciel monumental deviendrait presque tangible dans les impressionnantes sculptures vocales à 40 voix.

En dix minutes, l’emblématique Spem in alium de Thomas Tallis nous fait vivre une expérience inoubliable, presque physique : une seule voix, menue, presque hésitante, entame la supplication. Peu après, les sons roulent de chœur en chœur, se construisent, comme des échos ricochant entre les chanteurs et le public. Fier de son savoir-faire, le compositeur achève la supplication avec les 40 voix enfin réunies : « Contemplez notre humilité ! »

Le contraste avec l’insignifiance de l’homme dans les œuvres intimes pour consort de violes et soprano rend l’impression de grandeur divine plus extraordinaire encore.